De nombreuses équipes de développement ont du mal à intégrer efficacement la conception dans leur processus Agile. Les concepteurs qui ne collaborent pas étroitement avec les autres membres de leur équipe tendent à alourdir la charge de travail de tous (y compris eux-mêmes), et risquent de compartimenter les connaissances au sein de l'équipe produit.
Chez Atlassian, nous veillons à intégrer l'ensemble de l'équipe Agile au processus de conception. Nous obtenons ainsi différentes perspectives sur un problème et nous ne nous reposons pas sur la documentation pour partager des idées. Cette présentation explique comment :
- impliquer l'ensemble de l'équipe dans le processus de conception ;
- intégrer la conception au processus Agile ;
- obtenir des informations sur les clients pour accélérer les tests et l'idéation.
Questions réponses
Ces questions réponses englobent les outils de conception utilisés par Atlassian et la gestion du feedback client par Atlassian.
Q1 : Les concepteurs et les développeurs sont-ils toujours différents ? Avec HTML5 et les techniques d'interface utilisateur modernes, est-ce un problème pour les concepteurs de ne pas disposer de compétences de base en programmation ?
R1 : La ligne entre concepteurs et développeurs devient floue. Chez Atlassian, certains concepteurs ont suivi une formation en ingénierie, alors que d'autres ne savaient pas écrire une ligne de code. Nous disposons de concepteurs visuels, d'architectes de l'information et d'animateurs compétents. Chacun a ses points forts, et il est essentiel de les reconnaître et de les exploiter au sein de votre équipe.
Q2 : Les personnes extérieures à l'équipe produit, notamment l'équipe marketing, participent-elles aux ateliers de conception ?
R2 : Nos ateliers incluent des personnes provenant de différentes disciplines, mais tout le monde est là pour une bonne raison. Des représentants des équipes de gestion des produits, d'ingénierie et de conception sont généralement présents. Parfois, nous invitons un employé des services de support et marketing s'il est susceptible d'apporter un point de vue différent.
Les ateliers peuvent durer plusieurs jours, ce qui est assez chronophage. J'aime communiquer le programme à l'avance, comme ça les gens suivent les ateliers qui leur sont utiles. Cela dit, il est préférable qu'un groupe principal participe à tous les ateliers.
Q3 : Qu'avez-vous fait pour inciter vos employés à élaborer une ébauche, à dessiner et à proposer des idées ? J'ai l'impression que les responsables produit et les développeurs rechignent à réaliser ce genre de tâches, par crainte ou pour d'autres raisons.
R3 : Il est déjà intimidant de devoir partager des idées avec un groupe, mais dessiner en public peut être encore plus effrayant ! C'est pourquoi j'aime partager le grand groupe en deux pour cette étape de l'atelier. Cela enlève la pression de se retrouver face à une feuille de papier vierge. Cela permet également aux gens d'échanger des idées et de ne pas casser la dynamique.
J'ai constaté qu'après avoir participé à l'une de ces sessions, chacun se familiarise avec le processus et a envie de participer. Le groupe de discussion prend vie grâce aux conversations intéressantes.
Il est également essentiel faire savoir à tous que vous n'êtes pas intéressé par un chef-d'œuvre. Vous avez uniquement besoin de visualiser leurs idées (sous forme d'ébauche d'une interface, d'un diagramme ou d'une simple liste à puces), tout ce qui peut aider le reste du groupe à développer une compréhension commune. Si les idées sont couchées sur le papier, vous pourrez vous y référer après la fin de l'atelier.
Q4 : Comment formez-vous les nouveaux membres de l'équipe de conception ?
R4 : Nous disposons d'un processus d'intégration pour tous les nouveaux membres de l'équipe de conception. Il commence par une présentation de la conception chez Atlassian, de notre processus et de la manière dont nous travaillons avec le reste de l'équipe produit. Nous présentons les principes de conception que nous avons développés et donnons des exemples de leur mise en pratique. Nous organisons des « boot camps » pour en savoir plus sur nos ressources de conception : utilisation de personas, Guide de conception Atlassian et Playbook.
Nous formons des binômes employé/nouveau concepteur pendant les premières semaines. L'employé est chargé de montrer les ficelles du métier et de préparer son binôme à assumer ses responsabilités.
Pour former un nouveau concepteur, vous pouvez aussi l'inscrire à un atelier au cours de sa première semaine. C'est un excellent moyen pour lui de rencontrer les membres de l'équipe produit et d'expérimenter par lui-même notre façon de travailler. Il y a beaucoup à apprendre au cours des premiers mois, mais un atelier est l'endroit idéal pour aborder et résoudre un problème à la fois.
Q5 : Quelles méthodes de recherche client trouvez-vous les plus utiles ? Recherche sur le terrain, observation, facilité d'utilisation ou autres ?
R5 : Je pense que tous les types de recherches sur les clients sont utiles, mais différents types de recherche entrent en jeu à différentes étapes d'un projet.
Par exemple, au début d'un projet, il faut cerner le problème et le contexte dans lequel le travail est réalisé. Les analyses contextuelles sont ici extrêmement utiles : vous rendez visite à une équipe sur son lieu de travail et discutez de ses process, de la manière dont le problème affecte le travail et des besoins pour être plus efficace. C'est toujours bon de voir sur place comment les membres de l'équipe essaient de réaliser les tâches et les frustrations qu'ils vivent.
Les tests utilisateurs et les entretiens client sont utiles lorsque vous avez développé davantage vos idées. Vous pouvez engranger des connaissances précieuses en observant les gens via un flux, à l'aide d'un simple prototype ou en discutant d'une solution suggérée.
Les tests A/B, quant à eux, constituent une bonne méthode pour déterminer l'efficacité de votre solution.
Q6 : Quels outils les concepteurs Atlassian utilisent-ils ?
R6 : Chez Atlassian, les concepteurs utilisent l'outil adapté au travail à réaliser. Parfois, un bon vieux crayon et une feuille de papier, parfois HTML et CSS.
Pour créer des conceptions de haute précision, la plupart des membres de l'équipe utilisent Sketch, mais nous utilisons également la suite Adobe. Tous les éléments d'interface utilisateur de la bibliothèque de modèles Atlassian ont été créés en tant qu'objets vectoriels. Il est donc très simple d'assembler une mise en page de base sur laquelle s'appuyer. Pour le prototypage simple, nous utilisons InVision ou Marvel. Pour les interactions plus complexes, nous utilisons Framer Studio, Origami, Axure ou du code manuscrit.
Nous utilisons également une tonne de post-it et de marqueurs pour tableau blanc. :)
Q7 : Pouvez-vous citer quelques défis rencontrés dans le cadre d'un framework Agile ?
R7 : Le plus grand défi consiste à apprendre à abandonner la perfection, et à produire plutôt un travail rapide et itératif. En tant que designer, vous voulez toujours créer un travail de haute qualité, mais vous devez être d'accord pour livrer un travail terminé à 90 % et l'améliorer ensuite.
Q8 : Vous avez cité plusieurs façons de réduire la documentation. Quelle forme de documentation conservez-vous ? Avez-vous supprimé tous les types de documentation ?
R8 : Nous utilisons Confluence pour communiquer les tâches en cours et rassembler le feedback de l'équipe au sens large. Une page type inclura du contexte sur le problème que nous tentons de résoudre et la valeur qu'offre la solution proposée. Il y aura des photos d'ébauches, des maquettes très fidèles ou des liens vers des prototypes intégrés à la page pour illustrer une solution. Les personnes ajouteront des commentaires et des questions, et le concepteur publiera les designs mis à jour au fil du projet. Il ne s'agit pas vraiment « d'entretenir la documentation », mais plutôt d'une page évolutive qui collecte les ressources de conception et le feedback.
Q9 : Quelle est votre approche de la conception décentralisée lorsque les membres d'une équipe sont répartis sur plusieurs sites ?
R9 : Atlassian est une multinationale, nous sommes donc habitués à travailler avec des équipes distribuées. Nos équipes utilisant Jira sont basées à Sydney, Gdansk et Saigon, et nous cherchons toujours des moyens de les rapprocher. La technologie nous aide beaucoup : nous utilisons Hipchat pour les appels vidéo et la messagerie, Confluence pour publier, partager et commenter le travail, et Jira pour organiser tout le travail. Ce n'est toutefois pas parfait, et rien ne peut remplacer la communication en face à face. Autant que possible, nous essayons de rassembler les gens dans le même groupe de discussion pour les parties cruciales d'un projet. Vous pouvez aussi communiquer avec les coéquipiers distants et faire de votre mieux pour les tenir au courant.
Q10 : Comment contrôlez-vous et filtrez-vous les « interférences », comme un « feedback client » ?
R10 : Nous recevons un volume important de feedback client, ce qui est une bonne chose. Nous disposons d'un outil de feedback qui collecte les commentaires des utilisateurs et les enregistre sous forme de tickets dans un projet Jira. Je passe la première partie de ma journée à consulter les derniers tickets en buvant un café. Lorsque je parcours les commentaires, je prends des notes des thèmes ou modèles communs qui émergent et j'ajoute une étiquette pour les regrouper. Je peux filtrer l'ensemble du feedback à l'aide de ces étiquettes pour déterminer combien de personnes ont rencontré un problème similaire. Ensuite, lorsqu'un modèle a été établi, je peux soumettre ce problème à l'équipe produit avec des cas d'usage spécifiques que nous pouvons traiter.